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Doucet Bryar, Diane

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Repères bibliographiques


Ma vie avec mes six handicapés. Moncton: Éditions d'Acadie, 1981.
 
Ce livre, écrit à la première personne, contient le récit de vie de Rosalie Boudreau, récit qui s'est d'abord fait à l'oral comme on l'apprend dans l'avant-propos. Après avoir entendu le récit de sa grand-mère Rosalie, Doucet Bryar l'a par la suite transposé à l'écrit afin de sauvegarder le souvenir de cet «être fantastique» qui a mené une «vie riche d'émotion, de courage, de bonté; et il faut aussi dire, une vie où il y eut beaucoup de bonheur accompagné de grands malheurs» (9).

En effet, le courage de cette femme qui a dû faire face à tant de problèmes (voir Angelina Arseneau, Corinne Baker Jaillet) est remarquable, surtout d'un point de vue moderne: les progrès de la médecine auraient probablement changé sinon allégé le sort de Boudreau dont l'existence fut marquée par la maladie et la mort dès un jeune âge. Sa mère morte en couches, le reste de la famille, qui compte six enfants, est dispersé jusqu'au moment où Rosalie peut tenir la maison à l'âge de 12 ans. À 16 ans, quand le père se remarie, elle quitte la maison pour se marier à son tour à l'âge de 18 ans. Son premier fils étant handicapé, elle donne son deuxième fils à sa soeur après la mort prématurée de son mari, afin de pouvoir soigner son premier-né tout en travaillant chez les religieuses. Elle se remarie plus tard avec un veuf qui a déjà plusieurs enfants. La première fille du couple, Louise, sera d'un secours inestimable pour sa mère, puisqu'elle l'aidera avec les autres cinq enfants handicapés que Rosalie aura par la suite. La plupart du texte est consacré à ces années difficiles où Rosalie s'occupe de sa famille nombreuse dont six enfants demandent des soins constants. En dépit de ces défis, Rosalie ne désespère pas. Malgré les moments de deuil et de découragement profonds qu'elle vit quand meurent quatre des enfants infirmes (le premier-né aura 38 ans au moment de son décès, d'autres meurent peu après la naissance ou après quelques mois ou années), le récit souligne plutôt la joie suscitée par tous ses enfants, malades ou non, la musique et les chansons qui enrichissent leur vie, l'entre-aide que se donnent les membres de la famille et la grande foi qui soutient le couple dans toutes ces épreuves. Au terme de sa propre vie, quand Rosalie est atteinte d'un cancer, elle trouve les mots suivants qui ne peuvent que surprendre les lecteurs modernes dont les attentes d'une vie réussie sont généralement fort différentes de celles de Rosalie:

«Sincèrement, je retourne en arrière et je me rends compte que j'ai toujours été comblée. D'abord une épouse aimée, une mère adorée, une grand-mère comblée et une amie très respectée. Je ne peux rien demander de plus à la vie. Ne dit-on pas que pour être vraiment heureux il faut avoir souffert, qu'il faut avoir enrichi sa vie et celle des autres de ses souffrances? [...] Ces êtres au corps blessé [ses enfants], m'ont fait vivre si intensément la vie qui m'était préparée que même encore aujourd'hui, mes yeux m'amenant tout doucement dans le noir, je sais que leur souvenir me conduira jusqu'au bout » (145).

Vers la fin, il y a des pages qui sont moins convaincantes que le reste du récit: la narration à la première personne est peu vraisemblable quand Rosalie relate elle-même le paroxysme de sa maladie pendant laquelle elle fut de «nombreuses semaines» entre la vie et la mort avant de s'en remettre et de pouvoir quitter l'hôpital (134-37). Cette faiblesse mise à part, il convient de souligner que ce témoignage d'une femme forte pousse les lecteurs d'aujourd'hui à se poser des questions d'ordre éthique importantes, même s'ils ne partagent pas les convictions, les valeurs et la foi de Rosalie Boudreau.

 

Femme de coeur. Moncton: Éditions de la Francophonie, 2005.
 
 

 

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