Bourque
Arsenault, Laura
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Brins
de vie, brins de poésie. Moncton: Éd de la Francophonie, 2001. | Contrairement
à bon nombre de récits de vie rédigés par des Acadiennes
ayant vécu à la campagne, l'autobiographie de Laura Bourque Arsenault,
parsemée de quelques poèmes, dessins d'enfant et de photos de famille,
se situe dans la ville de Moncton où l'auteure a passé la plus grande
partie de sa vie. Surnommée par Raymond Guy LeBlanc «la maman des
poètes» et connue surtout comme la mère de Guy Arsenault (Acadie
Rock, 1973), Laura Bourque Arsenault a toujours accueilli chez elle les poètes
de la génération révoltée à laquelle appartenait
son fils dans les années 70. Après la parution d'un premier recueil
de poèmes (Du pain sur la planche, 1982, épuisé),
elle reprend ici la plume pour raconter les vicissitudes de sa vie: abandon de
ses études en neuvième année, puisqu'elle doit aider sa mère
à la maison; emplois comme domestique dans diverses familles; mariage en
pleine guerre, en 1941, avec Albénie Arsenault; naissance de sept enfants
et trois fausses couches; difficultés financières, maladies et accidents;
expérience de quelques beaux voyages à Montréal et dans le
Maine pour rencontrer de la parenté; mort de son mari en 1985 et d'une
de ses petites-filles en 1986. Continuant sa vie à côté de
son fils Guy, elle trouve de la consolation dans sa foi de plus en plus intense.
À côté de ces étapes d'une vie assez typique pour une
femme de sa génération, se dessinent plusieurs autres thèmes
principaux: tout d'abord, la pauvreté d'une famille nombreuse, pauvreté
qui ne parvient pourtant pas à étouffer la joie de vivre et le plaisir
de partager ce que l'on a avec les autres. Mais le texte témoigne aussi
d'une conscience sociale aiguë de l'auteure qui, dans quelques-uns de ses
poèmes assez simples ainsi que dans certaines parties en prose, fait souvent
appel aux lecteurs d'être plus tolérants vis-à-vis des jeunes
et de ceux qui sont différents, différents parce qu'ils souffrent
d'une maladie mentale ou qu'ils ne partagent pas les convictions de la majorité.
Elle n'hésite pas non plus à critiquer ceux pour qui l'argent est
tout ce qui compte. Malgré ce regard lucide sur la société
qui l'entoure, l'auteure ne semble pas être consciente de plusieurs contradictions
dans son texte quant au rôle des femmes. D'un côté, elle exprime
le grand regret de ne pas avoir pu terminer ses études en ajoutant qu'elle
aurait aimé devenir institutrice ou écrivaine (33, 63); elle est
d'autant plus fière que son fils soit poète et trois de ses filles,
enseignantes (63). De l'autre côté, elle soutient «qu'on n'est
pas vraiment femme avant d'avoir passé par la maternité» (73).
Au lieu d'être libérée, comme on l'affirme de nos jours, Laura
Bourque Arsenault estime que «[l]a femme est plus esclave que jamais, parce
qu'elle veut copier l'homme» (73). Voilà une belle tirade anti-féministe
résultant des aspirations personnelles passées de l'auteure qui
sont en contradiction avec les rôles sociaux qui, au lieu d'être mis
en question, restent bien définis (79). On peut donc dire que Laura Bourque
Arsenault voit clairement les injustices commises à l'égard des
marginaux de la société, mais que dans son autobiographie, elle
ne réussit pas à surmonter les préjugés stéréotypés
et la pensée essentialiste de ce que c'est qu'une femme. | | La
vie à travers ma poésie. Lévis (QC): Éd. de la
Francophonie, 2008. | | | |
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