Exil
En cette courte vie, hélas! où rien ne dure, Comme l'absence est triste et qu'elle semble dure! Chère âme, je ne puis, en baisant tes cheveux, Te donner mon amour, mes chants, mes pleurs, mes voeux, 5 Et t'offrir un bouquet de pâles violettes! Ah! du moins, le chanteur des fraîches odelettes, Que réchauffa ton souffle en son frêle berceau, Le courtisan du lys en fleur et du ruisseau T'enverra son baiser dans un vers où respire 10 Son amour, comme un souffle harmonieux de lyre, Et sa caresse tendre, et son âme et sa voix. Mais, ne me vois-tu pas? Si, mère, tu me vois! Quand la neige tombant sur le coteau qui penche; Avec ses doux flocons a fait la route blanche, 15 Regarde-moi, donnant la volée à des vers Frémissants, qui, malgré le souffle des hivers, Avec des cris joyeux s'enfuiront tout à l'heure Dans la blanche lumière et dans le vent qui pleure, Calme et pensif, auprès du clair foyer rêvant, 20 Et caressant toujours les strophes, mais souvent M'interrompant de suivre au hasard ma chimère, Pour me dire : Que fait là-bas ma douce mère? 19 novembre 1860.
ROSES DE NOEL -- Table des Matières
Retour à la page Banville