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Dans
sa préface, Jules Boudreau décrit bien les mérites
de ce livre: «À côté de l'Histoire, il
y a la mémoire des gens. [
] Trop souvent, cette foule
immense reste sans voix. [
] Heureusement, il arrive que quelqu'un
dans la foule se fasse parole et raconte une partie de la grande
Histoire des petites gens. Ce ne peut être qu'une histoire
fragmentaire; le contraire serait une contradiction. [
] Ce
livre est une de ces paroles. [
] C'est [
] un témoignage.
[
] cela est fait honnêtement, sans prétention
[
]» (8-9).
Dans son récit, l'auteure met en scène les années
de 1925 à 1945 (l'Entre-deux-guerres, la Dépression
et la Deuxième guerre mondiale), années difficiles
qu'elle a vécues à Caraquet. Le texte s'ouvre sur
les mots d'«un septuagénaire un peu dur d'oreille
[qui] répétait souvent: "Du temps de la Grise"
». Et Léger de continuer: «En effet, quels
mots pouvaient mieux traduire cette période terne, la vie
s'étant arrêtée, engloutie dans une grisaille»
(13). Le long du texte se côtoient les observations personnelles
de l'auteure (des boeufs attelés à une charrue [23],
les changements «spectaculaires» de la mode et du
comportement des femmes dont certaines commencent à fumer
[25-27], la distribution des prix aux élèves au
couvent [69-72], son intérêt pour l'histoire britannique
et ses réflexions sur le patriotisme et l'identité
acadienne [109-116], son refus «d'être sagouinisée»
[120]) et ses observations sur la grande Histoire (la réaction
des gens à la pension des vieux et aux allocations familiales
[14], l'introduction du «secours direct» ou de l'assurance
chômage [15], les salaires et prix typiques [15-21], le
progrès symbolisé par les automobiles, les trains
et le nombre de plus en plus important d'hôtels [24, 45-55],
les élections [65-68] et la guerre [101-108]). L'auteure
termine son récit d'histoire d'en bas en concluant qu'elle
a fait siennes les paroles du frère Jean-Paul Desbiens:
«On est fort pour parler de ce qu'on a vécu»
(122).
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