Beaulieu,
Murielle
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Repères
bibliographiques
La
persévérance des semailles. Moncton: Éd
de la Francophonie, 2003. |
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Dans
l'avant-propos, l'auteure formule elle-même les difficultés
de classifier son texte: «J'éprouve un réel
embarras à y mettre une étiquette. Il touche à plusieurs
genres sans en embrasser un en particulier. Il a quelque chose
du récit et quelque chose de l'autobiographie, mais il tient
aussi du documentaire et du roman et il véhicule une sorte
de thèse. Comment lui donner un seul qualificatif? Quelle
torture nous nous imposons à vouloir tout normaliser, tout
enfermer dans d'étroites catégories!» (9).
Motivée
par son désir de toujours savoir plus des sciences,
de l'enseignement, de la philosophie , l'auteure retrace
dans ce récit de vie son propre parcours qui l'a menée
de l'école d'un petit village néo-brunswickois,
Drummond, au collège Notre-Dame d'Acadie, ensuite à l'Université de
Moncton, jusqu'à la faculté de philosophie de l'Université d'Ottawa.
Au lieu de relater son histoire à la première personne,
Beaulieu a choisi la narration à la troisième personne
afin de dépasser le purement personnel et d'atteindre
un niveau plus représentatif. Le monde qu'elle représente
reste pourtant bien ancré dans les réalités
des Acadiens, peuple défavorisé, voire marginalisé de
par sa langue, son histoire et sa situation économique. Étant
donné l'intérêt de l'auteure pour la philosophie,
le choix d'un narrateur neutre s'explique bien, même si
cela alourdit ici et là le récit, surtout quand
Beaulieu poursuit l'analogie entre la végétation
(semence, récolte, etc.) et la vie humaine sur laquelle
sont bâties les nombreuses leçons morales qui parsèment
le texte. Néanmoins, l'auteure réussit bien à faire
comprendre, dans quelques scènes bien saisies (comme par
exemple la scène d'ouverture du récit), la soif
du savoir chez la jeune fille qu'elle était, soif qui
l'a menée bien au-delà de ses humbles origines
d'une fille de journalier: «La tâche qu'elle avait
entreprise consistait à essayer de comprendre comment
nous nous ressentons comme un sujet, comment nous devenons un
peu plus tous les jours ce que nous sommes en potentiel, comment,
au cours ou au terme de cette croissance, nous sommes possiblement
rendus capables de franchir les bornes de nos petits êtres
respectifs» (89-91). |
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Le
mûrissement. Moncton: Éd. de la Francophonie,
2004. |
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Continuation
de La persévérance des semailles, ce récit
auto/biographique poursuit deux trames narratives: celle de la
narratrice et de son mari qui, récemment retraités,
passent leurs fins de semaine dans leur chalet non loin d'Ottawa,
et celle de Mario alias «Junior», qui, à l'âge
de treize ans, aménage avec ses parents dans le voisinage
du couple. Devenus amis, les trois franchissent ensemble une
nouvelle étape de leur vie: d'un adolescent timide, Mario
devient de plus en plus sûr de lui-même, prêt à quitter
l'école et à assumer sa vie d'homme à la
fin du récit, tandis que le couple, au lieu de s'enliser
dans la monotonie, traverse le seuil de la retraite enrichi de
la présence turbulente de Junior.
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